Prévisions concernant les prix des matières premières

Catégories : Actualités 

Apollo, fier membre de Solina, fait partie d'un grand groupe qui suit de près le marché mondial des ingrédients. Chaque année, Solina étudie le marché de certaines matières premières clés et tente de formuler des prévisions sur leur évolution dans les mois à venir. Ces informations relèvent d'une grande importance pour le secteur de la restauration, car ces fluctuations ont un impact majeur sur le calcul du « food cost » et les prix mentionnés sur les menus. Voici un examen de la situation actuelle sur le marché des matières premières réalisé par l’équipe Procurement de Solina.

L’année écoulée a été synonyme de fortes turbulences sur le marché des ingrédients. Le marché a été secoué par la COVID-19, mais depuis septembre 2021, la Chine a entrepris une manœuvre de redressement de son économie, assortie d’une reconstitution considérable de ses stocks pour répondre à ses besoins. Conjuguée à l’inflation élevée, cette situation a provoqué de nombreux déficits dans le monde entier, tout comme des faibles niveaux de stocks et une hausse des prix. L’impact de la guerre en Ukraine n’est pas non plus à sous-estimer. Les retombées sur le marché des céréales sont considérables, tout comme sur les exportations d’huiles et d'épices. 

Autant d'événements imprévisibles qui ont un impact sur le marché mondial des ingrédients, en raison des liens entre les produits et de leur influence mutuelle. Des nouvelles hausses des prix ne sont pas à exclure en raison de la grande imprévisibilité de la situation mondiale. Penchons-nous sur quelques matières premières importantes pour le marché de la restauration.

Protéines végétales

Les produits à base de soja continuent d’avoir le vent en poupe. Cependant, les frais de transport de ces produits demeurent très élevés. Conjugués à une forte demande, ils pourraient être à l’origine d'une hausse des prix. Les prix ne sont maintenus que pendant une courte durée, et les derniers confinements chinois ont été à l’origine de longs délais de livraison. La guerre en Ukraine n’est pas non plus sans impact, en raison de la disponibilité limitée des fèves de soja. 

Le prix des protéines de pois reste quant à lui élevé. Les frais élevés du transport et de l’énergie n’y sont pas étrangers. La pression sur les prix est plus marquée en Europe qu’en Amérique du Nord, où une nouvelle capacité s’est libérée. Il semble que la graine de tournesol va occuper une grande partie du marché disponible. L’extension des protéines de pois sur le marché européen s’en trouvera dès lors plutôt limitée. La demande devrait également diminuer sur fond d’inflation. Les consommateurs vont probablement se tourner vers d’autres sources de protéines, plus abordables. 

Protéines animales

Les prix des protéines animales et du collagène poursuivent leur hausse. L’offre ne parvient pas à suivre la demande, forte. L’offre en viande bovine dans l’UE est tendue et encourage le passage à la viande porcine, ce qui augmente la pression sur le marché de cette dernière. Le prix des intrants a également augmenté en raison de la hausse des coûts du carburant, du transport et d'exploitation.

La levée des limitations liées au coronavirus et les préparations saisonnières pour la saison du barbecue ont provoqué une hausse des prix de la viande porcine au printemps 2022. Même si le pic a déjà été atteint, les prix restent record. Cette hausse est également soutenue par une diminution du bétail disponible en raison des coûts d’alimentation élevés enregistrés ces derniers temps.

Au niveau de la viande bovine, les coûts d’alimentation élevés ont poussé les agriculteurs à abattre des animaux à un poids de carcasse inférieur, ce qui est source d'une contraction de l’offre. La demande en boyaux de collagène pour saucisses est également en augmentation, tout comme celle en collagène pour protéines. Autant d’éléments qui poussent les prix vers le haut.

Fécule

La guerre, les déficits et la perturbation de la chaîne d'approvisionnement continuent d’alimenter l’inflation. Les agriculteurs se tournent vers des cultures plus rentables (pomme de terre/maïs -> tournesol/colza). La prolongation de la guerre en Ukraine a une influence considérable sur la disponibilité et les prix. Le nationalisme alimentaire s’accentue maintenant que les pays éprouvent des difficultés à sécuriser leurs stocks nationaux. Les producteurs voient eux aussi leurs frais augmenter (énergie, emballage, main-d'œuvre, produits chimiques & transport), ce qui devrait donner lieu à une hausse générale sur le marché de la fécule. La sécheresse de ces derniers mois joue également un rôle important dans le processus de croissance de ces cultures. Cette industrie nécessite également beaucoup d'énergie, et c'est précisément ce qui est si coûteux.

Huiles végétales

La guerre en Ukraine a clairement un impact majeur sur cette catégorie de produits. Aucune amélioration n’étant en vue, l'influence sur les prix va continuer de se faire ressentir. Sans oublier la hausse des coûts de production, et tout particulièrement du coût des engrais. Pour certains types, les prix ont plus de doublé. La levée de l’interdiction des exportations d’huile de palme par l’Indonésie devrait apporter une certaine stabilité sur le marché, vu qu’elle va permettre une reconstitution des stocks d’huile de palme, qui aura une influence positive sur les prix du marché. En attendant, heureusement, nous constatons une légère baisse.

Sucre

Pour terminer, étudions le marché du sucre. La situation y reste compliquée et les entreprises sucrières de l’UE sont déjà en rupture de stock. Les niveaux de prix sont en hausse depuis l’an dernier, et la sécheresse ne permettra pas d’y remédier actuellement en Europe. L'ensemencement a été réalisé en avril, mais la sécheresse qui a suivi a empêché les graines de germer. Dans certaines régions, aucune feuille n’avait encore percé le sol au printemps. Reste à voir quelles seront les conséquences sur la récolte. Les stocks de certaines matières premières qui se trouvent en Ukraine ont été détruits ou ne peuvent plus être produits en raison du conflit actuel. Quand on sait que la Russie est le plus grand fournisseur d’engrais, cela n’augure rien de bon. Un marché à suivre de près donc.